Le blog de la librairie Caractères

samedi 5 janvier 2008

Le livre de ma mémoire

Danielle Mitterrand (JC Gawsewitch)

Le livre de ma mémoire Voilà le livre qu'il vous faut pour replonger dans l'histoire de France et réviser vos connaissances sur les Républiques, de la Troisième (1870) à aujourd'hui.
Dans son ouvrage Danielle Mitterrand retrace les événements qui ont marqué le paysage politique français et sa vie. Issue d'un univers familial préoccupé par la politique, l'auteure évoque les présidences qui ont marqué le siècle précédent et les idées qui ont animé sa famille. Une part importante de ses mémoires est consacrée à la deuxième Guerre Mondiale, aux évasions de François Mitterrand et aux réseaux de résistants.

Les événements d'après guerre, peu connus des jeunes publics (dont je crois faire encore parti), comme l'attentat rue de l'Observatoire contre son mari ou les massacres de Charonne (bizarrement, ici Wikipedia en donne une version très lisse) ravivent les douleurs d'un passé pas si lointain.

Moins spectaculaires, les luttes politiques de la deuxième moitié du XXème siècle, les manoeuvres des divers camps (Parti Communiste, RPF , SFIO...) et les intrigues des protagonistes de la guerre froide sont également analysées. La Droite française est diabolisée, les Communistes brocardés (notamment un certain Georges Marchais) et les services secrets américains dénoncés.

Un des chapitres les plus surprenants sanctionne le Grand Domaine, ce programme secret des Etats-Unis qui consiste à faire de leurs conquêtes militaires des marchés pour écouler leur production et accessoirement exploiter les ressources des autochtones. S'appuyant largement sur le travail de Noam Chomsky, Mme Mitterrand explique comment les États-Unis utilisent la guerre pour mieux exporter le capitalisme.

Un ouvrage engagé, riche d'enseignement sur le siècle précédent et pas raccoleur pour un sou. Leur vie privée est abordée avec beaucoup de pudeur. L'existence de Mazarine n'est même pas effleurée. Un hommage à la famille et aux socialistes au socialisme.

vendredi 28 décembre 2007

La femme qui lisait trop

La femme qui lisait tropBahiyyih Nakhjavani (Actes Sud)
Roman traduit de l'anglais par Christine Le Boeuf

Il m'est difficile de commenter cette fiction historique iranienne. L'auteure s'est inspirée de l'histoire de la poétesse Tahirih Qurratu'l-Ayn, pour aborder des questions et des sentiments universels qui ont toute leur place dans nos sociétés d'aujourd'hui.
La difficulté réside dans la réalisation d'un résumé, d'une réclame qui ne pourrait retranscrire les richesses et les couleurs évoquées dans le roman.
A la tiédeur de la pâleur, je préfère l'éclat du propos de l'éditeur :
Téhéran, deuxième moitié du XIXème siècle : la cour du Shah fourmille d'intrigues de palais, de complots et autres tentatives d'assassinats : scène classique sur laquelle fait un jour irruption une poétesse fort lettrée dont les textes semblent agir sur chacun, dans le royaume, comme de puissants catalyseurs d'énergies subversives - hérétiques... ? Dans cet envoûtant roman doté d'une incroyable énergie narrative et qui a le langage pour héros véritable, Bahiyyih Nahkjavani délivre une admirable réflexion sur le pouvoir, qu'il soit séculier ou symbolique, et sur la manière dont il est exercé selon qu'il est détenu par les hommes ou par les femmes. Fondé sur des faits historiques réels que la fiction transcende, il conduit sans coup férir le lecteur à se mettre en quête d'autres vérités - celle qu'un réel surévalué trop souvent occulte.
L'ouvrage est un hommage à une femme libre, érudite et exceptionnelle rhétoricienne. C'est précisément sa liberté de ton et son indépendance qui ont contribué à sa renommée auprès de ses contemporains et... son impopularité auprès des pouvoirs politiques, financiers ou religieux.
Elle a donc logiquement fini dans un puits à 35 ans, oubliée de la postérité.

Bahiyyih Nakhjavani dépeint la société du temps du shah d'Iran avec délicatesse et précision. Elle invite le lecteur à s'interroger indirectement sur les aspects de la vie en société et ses problématiques intemporelles comme :
  • l'émancipation et la condition des femmes,
  • les intrigues et les rapports au pouvoir,
  • ou la place de la religion et de la justice,
le tout dans un style qui mêle douceur et autorité. Une oeuvre rare et terriblement actuelle.

vendredi 21 décembre 2007

Cancer & the city

Marisa Acocella Marchetto Cancer Vixen (titre original)
Marisa Acocella Marchetto, traduction de Céline Merrien (L'iconoclaste)

Marisa Acocella Marchetto est illustratrice pour The New Yorker. La quarantaine bobo, elle vit à Manhattan, à la recherche du grand Amour. Elle le trouvera finalement sous les traits d'un restaurateur juste avant d'apprendre qu'elle était atteinte d'un cancer du sein.

Dans cet album, Marisa dépeint les épreuves qu'elle rencontre, les soutiens -pas toujours bienvenus- qui jalonnent son parcours, ses sentiments et ses humeurs tributaires des traitements qu'elle suit. J'ai d'ailleurs beaucoup appris sur les protocoles de soin ; la mise en place, les injections et les conséquences engendrées les jours qui suivent.

Cancer and the city

Des couleurs acidulés comme des bonbons, un rythme soutenu, de la créativité, du rire, des larmes... L'histoire vraie du combat de l'illustratrice dans un livre plein d'énergie. Onze mois de la vie d'une femme en 224 pages, sélectionné pour le 35ème Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

jeudi 13 décembre 2007

On progresse

Alain Bertrand (Le Dilettante)

On progresseAprès la lecture des Nouvelles mythologies, je ne pouvais pas manquer les chroniques acides et consuméristes du belge Alain Bertrand. Je précise tout de suite belge car ce détail a son importance et reflète bien le tempérament de l'auteur prompt à se moquer des autres, des choses et de soi.

Il est ainsi question d'objets et de moeurs du quotidien passés au vitriol et de trois bonus belges (le cornet de frites, le drapeau belge et les éoliennes) qui adoucissent les tensions wallonnes et flamandes par la dérision.

Présentation de l'éditeur :
Au nom du confort, du progrès et du bonheur, on invente tout un tas d'objets. Or, à regarder vivre nos contemporains ; on s'aperçoit que sous prétexte de nous faciliter la vie, ils nous la compliquent singulièrement. Ce livre n'est ni un pamphlet ni un sermon. Il s'agit de prendre les mœurs d'aujourd'hui dans le filet du style, afin d'en jouer sur le mode de la drôlerie cruelle ou de la cruauté drôle. C'est ce regard, qui n'exclut pas une certaine tendresse, qu'Alain Bertrand tente de poser, dans l'héritage de Vialatte ou de Blondin.
Vous pourrez retrouver un extrait et une synthèse des critiques des média sur le site de l'éditeur.

Logo des éditions ''Le Dilettante''

mardi 30 octobre 2007

Anticancer

David Servan-Schreiber (Robert Laffont)

AnticancerUn livre surprenant et inattendu de la part d'un chercheur en neurosciences. Ce fondateur d'un centre de médecine à l'Université de Pittsburgh qui a été durement touché par la maladie (deux tumeurs au cerveau successives) livre en quelques 300 pages une multitude de conseils pour prévenir la maladie et pour en guérir.
Ces recommandations sont empreintes de beaucoup de prudence et toujours étayées de nombreuses références issues de revues prestigieuses qui font autorité dans le monde scientifique et médical : (The Lancet, The New England Journal of Medicine, Science...).

Il nous est ainsi proposé :
  • de manger différemment : plus de fruits et légumes (!), du poisson, du chocolat noir, du vin (un peu), du thé vert (beaucoup)... bio de préférence,
  • de pratiquer une activité physique, avec des mises en garde sur les types d'exercices et leurs durées,
  • de forger un mental anticancer par la relaxation, la méditation, l'échange... Une partie importante de l'ouvrage est consacrée aux bouleversements induits par l'annonce de la maladie, la notion de culpabilité, l'acceptation (sans la résignation), etc. Rappelons que l'auteur est professeur de clinique en psychiatrie.
Bref toute une "série de mesures" pour enrayer le cancer qui fait référence à la naturopathie sans jamais la citer.
L'allopathie n'est pas pour autant rejetée, bien au contraire. M. Servan-Schreiber propose même de coupler les traitements tels que la chimiothérapie ou la radiothéraphie aux méthodes "naturelles". Propos illustrés au cours d'une mission humanitaire en Inde, à Dharamsala, où les populations locales lui ont expliqué
qu'en cas de maladie aiguë (infarctus, pneumonie, appendicite...) il fallait voir les médecins occidentaux [...] et les médecins tibétains pour les maladies chroniques afin de soigner le "terrain".
Un ouvrage agréable, précis et technique mais très pédagogique et facile à lire. Précieux.
Pour aller plus loin, le site www.anticancer.fr propose des conseils, des outils, des témoignages et une lettre d'information pour mettre en pratique les approches recommandées dans l'ouvrage. Un espace est également réservé aux médecins.

samedi 20 octobre 2007

Dans l'enfer de Guantanamo

Murat Kurnaz et Helmut Kuhn (Fayard)

Dans l'enfer de GuantanamoNous avons tous entendu des informations1,2 décrivant les conditions de détentions réservées aux « terroristes » enfermés dans des camps sous contrôle américains un peu partout dans le monde, y compris en Europe.
Certains d’entre nous se rappellent peut être l’histoire du citoyen allemand Khalid El-Masri enlevé « par erreur » en Macédoine par la CIA3 et qui a miraculeusement survécu aux traitements qui lui ont été infligés.
Nous nous rappelons tous des photos d’horreur d’Abou Ghraib.
Nous sommes quelques uns à avoir vu le film « The road to Guantanamo » retraçant le calvaire de jeunes Britanniques accusés de terrorisme puis relâchés pour ceux qui survécurent.

Je croyais savoir, je ne voyais que la surface… la médiatisation de faits isolés, apparemment accidentels. Il en va tout autrement. En cela le livre de Murat Kurnaz coécrit avec le journaliste Helmut Kuhn renvoie à l’effroyable. La barbarie serait en passe de devenir la norme pour des milliers d’hommes se réclamant des valeurs de la démocratie et de la liberté. Les américains ne sont d’ailleurs pas les seuls à être mis en cause dans ce récit.

Comment un homme peut-il survivre 1600 jours à de tels traitements sans être détruit?
J’ai lu ce livre qui m’a renvoyé aux témoignages des camps de la mort nazis, des centres de rétention russes en Tchétchénie, des pratiques des Tchetniks en ex-Yougoslavie………….
Murat Kurnaz est « innocent » de ce pour quoi il était accusé, des centaines de détenus actuels le sont uniquement parce qu’ils ont été « vendus » comme terroristes aux américains pour quelques milliers de dollars par des policiers de pays dans lesquels de telles sommes représentent des fortunes.

Mais quand bien même des Talibans ont été capturés à l’issue de combats en Afghanistan, rien ne justifie de tels traitements. Les conventions de Genève sont toutes bafouées et le témoignage de Murat Kurnaz sur l’attitude de la croix rouge internationale « gardien du droit international humanitaire » et des conventions de Genève est accablant dans son cas.
J’ai l’intuition que ce livre provoque outre Rhin un « séisme » comparable en son temps à la sortie du livre de Günter Wallraff « tête de turc ». S’il est vrai que Murat Kurnaz a été libéré grâce à l’intervention de la chancelière Angela Merkel, il aurait pu l’être 3 ans plus tôt sans l’obstination de l’actuel ministre des affaires étrangères Steinmeier qui œuvrait à l’époque sous le gouvernement Schroeder.

Aujourd’hui Murat Kurnatz relève la tête et contre attaque, après une campagne de diffamation orchestrée en début d’année par le SPD (Parti du pouvoir de l’époque, équivalent allemand du PS français) le présentant comme « le taliban de Brême ».

Lisez ce livre, vous y puiserez de la force mais souhaitons-nous de n’être jamais camarades de vol du Boeing de la CIA immatriculé N313P qui a beaucoup circulé en Europe.

[1] Selon un article du Monde daté du 14 février 2006, l’ONU qui y avait dépêché 5 experts a dénoncé l’usage de la torture à Guantanamo.
[2] Extrait du rapport Marty du 11 juin 2007 (assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe) « La Commission des questions juridiques et des droits de l’homme considère désormais comme établie dans les faits l’existence, pendant plusieurs années, de centres de détention secrets tenus par la CIA en Pologne et en Roumanie ; la commission n’exclut pas pour autant que des détentions secrètes par la CIA aient également existé dans d’autres Etats membres du Conseil de l’Europe….. »
[3] M. El-Masri a passé cinq mois dans des prisons secrètes à Skopje et à Kaboul avant d’être libéré, les yeux bandés, dans une forêt d’Albanie, une fois établi qu’il avait été enlevé par erreur.


Liens internet :

mercredi 19 septembre 2007

Nouvelles mythologies

Collectif (Seuil)

Nouvelles mytholgies Divers auteurs se sont réunis sous la direction de Jérôme Garcin pour décortiquer les icônes des années 2000 à l'image du travail de Roland Barthes en 1957 : Mythologies. Il n'est aujourd'hui plus question de DS, de la France de Coty ou de steak-frites mais de 4x4, de la France de Sarkozy, de sushi.
Une soixantaine d'auteurs -parmi lesquels Assouline, Beigbeder, Cyrulnik, Joffrin, Delerm, Poivre d'Arvor, Pivot, Mabanckou, Sollers, Pudlowski- analysent les nouveaux mythes du 3ème millénaire et ironisent parfois sur les nouveaux comportement et objets qui transforment notre quotidien.
Ces chroniques proposent une histoire inédite de la France contemporaine, en forme de clin d'oeil au travail de Roland Barthes.

A lire pour le plaisir et pour prendre du recul sur notre quotidien.

samedi 15 septembre 2007

José

Richard Andrieux (Héloïse d'Ormesson)

José "Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui..."

José a neuf ans. Il s'est inventé un monde où les objets du quotidien se nomment le colonel (son bougeoir) ou encore voyage (sa chambre). Il vit seul avec sa mère désemparée, qui n'a plus accès à l'univers de son fils. Elle patiente...
Richard Andrieux (minibiographie, biographie) nous offre un premier roman bouleversant et tout en retenue sur l'enfance et le lien humain.
Coup de coeur rentrée littéraire 2007 !

Pour en savoir plus :
  • Le site internet de l'éditeur (extraits, critiques...) consacrées à l'ouvrage.
  • Le blog d'Héloïse d'Ormesson : Richard n'est pas seulement un jeune auteur . C'est aussi un interprète-auteur-compositeur et comédien de grand talent (il compte notamment plus de 250 titres à son actif) [...] Le 26 août dernier, à l'occasion de la Forêt de livres à Loches, José a reçu le Prix du premier roman.

L'auteur viendra rencontrer le public et dédicacer son livre à la librairie samedi 29 septembre 2007 de 15h à 18h.
Un événement important !

vendredi 7 septembre 2007

Il ne vous reste qu'une photo à prendre

Laurent Graff (Le Dilettante)

Il ne vous reste qu'une photo à prendreAlain Neigel est à l'abri du besoin, il a suffisamment bien gagné sa vie pour voyager et découvrir le monde. Cette aisance ne suffit cependant pas à le rendre heureux.
Sa compagne M. a disparu il y a quelques années. C'est à ce moment qu'il a cessé d'utiliser son appareil photo, un vieux Mamiya 35mm. Depuis, vingt années se sont écoulées, vingt années sans clichés, comme un trou noir, sans images.1

Au cours d'un voyage touristique à Rome avec sa nouvelle amie, le narrateur fera une rencontre insolite, qui lui permettra de s'affranchir peu à peu du temps et de l'espace... pour finalement mieux appréhender la réalité. Lors de ce séjour dans la Ville Éternelle, le surnaturel s'invitera progressivement dans le récit pour emporter le lecteur dans les réflexion du narrateur sur le sens de la vie, de la mort et du quotidien, ces petites choses, ces petits riens qui en disent long si l'on s'accorde le temps de la réflexion.

Laurent Graff excèle dans la description de ces gestes anodins2 et c'est avec plaisir que le lecteur accompagne Alain Neigel dans ses pérégrinations italiennes, graphiques et ensoleillées.

Extraits :
[1] L'homme se croit sur terre immortel et éternel, comme immunisé, protégé par son statut suprême de créature intelligente ; la mort suprend et révolte. De même, on ne tolère pas de manquer, d'être empêché, de subir des restrictions, c'est le règne de l'illimité et du libre accès.
[2] La photographie, aujourd'hui, a perdu beaucoup de son âme avec l'avènement des appareils numériques. Les photos n'ont plus ce caractère crucial et définitif qu'elles avaient du temps de la photographie argentique. Bonne ou mauvaise, une photo était irrévocable et était décomptée de la pellicule [...] Même s'il était toujours permis de multiplier les photos et de renouveler la pellicule, chaque prise de vue avait une valeur unique, et représentait un petit miracle.
Plus d'information sur l'auteur et son ouvrage (entretien vidéo, critique de presse, extrait...) sur le site de l'éditeur.

Logo des éditions ''le Dilettante''

samedi 1 septembre 2007

La chapelle des apparences

Franck Pavloff (Albin Michel)

La chapelle des apparences Présentation : "Sisco, journaliste à Gap, rencontre à la Mostra de Venise le cinéaste Xerkès. Il lui demande de collaborer à son prochain film dans lequel il veut convoquer toutes les folies et les détresses du monde. Le tournage a lieu dans une chapelle près d'Embrun, au Darfour, à Grozny et à Melilla avec une troupe de saltimbanques. Xerkès veut approcher l'horreur et fait prendre des risques mortels à l'équipe".

Mon appréciation : un écrivain passionné, un cinéaste fantasque, une troupe de saltimbanques aériens, polyvalents, solidaires et bourrés de talent, deux femmes de tempérament, une jument fidèle... tous au service d'une oeuvre commune : la mise en scène de deux personnages singuliers de l'histoire ("un brigand et une femme pétrie de morale", ne s'étant jamais ni rencontrés ni connus), sans tenir compte des anachronismes, sans s'arrêter ni aux dates ni aux croyances. Qu'ils soient issus d'un autre siècle est peu de choses... "Parce qu'à quelques heures d'avion d'ici, on trouve la même violence, le même obscurantisme, que du temps de ces héros", le cinéaste fera "de Mandrin et ses coupeurs de route, de la flle de la marquise de la Charce, des figures d'aujourd'hui"."Contrairement à ce que tu penses", fait remarquer Xerkès à Sisco, "les peuples n'apprennent rien du passé, ils pataugent en rond dans la même gadoue, s'embarquent dans les mêmes galères, l'histoire des civilisations n'est pas linéaire"...
Derrière ces êtres, des fêlures profondes, des fuites évidentes, qu'ils tentent chacun néanmoins de masquer. Mais, à trop vouloir associer passé et présent, le danger et la folie guettent...

Une écriture intelligente, habile, lumineuse, prenant appui tantôt sur des images superbes tantôt sur des épisodes tragiques. Un scénario digne du 7ème art...
Un livre absolument remarquable qui fera parler de lui en cette rentrée 2007 !
Article également publié sur mon blog : http://entremotsetvous.over-blog.net

samedi 25 août 2007

A l'abri de rien

Olivier Adam (éditions de l'Olivier)

A l'abri de rienMarie vit avec sa famille dans une petite banlieue paisible du nord de la France. La mer n'est pas loin. Un quotidien banal et sans histoire.
Jusqu'au jour où tout bascule dangereusement : la prise de conscience de l'existence des "Kosovars", ces réfugiés installés aux confins de la ville, va rompre le fragile équilibre de cette vie qui ne tient à presque rien. Marie va délaisser mari et enfants pour se consacrer corps et âme à ces hommes perdus, elle va tout leur donner sans comprendre elle-même ce qui lui arrive.
Ce portrait de femme bouleversant risque d'accompagner vos pensées pour longtemps. Un livre indispensable.
Coup de coeur Rentrée littéraire 2007 !

vendredi 24 août 2007

Le Canapé rouge

Michèle Lesbre (Sabine Wespieser)

Le Canapé rougeAnne, la narratrice, décide un jour de partir sur les traces d'un ancien amour dont elle n'a plus de nouvelles, Gyl, installé sur les bords du lac Baïkal pour y vivre ses utopies.
C'est ainsi qu'elle va quitter Paris et son amie Clémence Barrot, vieille dame installée sur son canapé rouge, à qui elle avait pris l'habitude lire les aventures de femmes remarquables.
Dans le transsibérien qui la mène vers Gyl, Anne laisse libre cours à ses pensées, ses souvenirs, elle nous entraîne dans son voyage intérieur, ses réflexions sur le temps qui passe.

Sans jamais perdre le lecteur en route, Michèle Lesbre nous entraîne avec brio dans les méandres du souvenir avec une fraîcheur remarquable. Elle sait nous parler de l'attachement des êtres avec une grande profondeur et tout en légèreté. Un voyage à ne manquer sous aucun prétexte.
Coup de coeur Rentrée littéraire 2007 !

samedi 18 août 2007

On achève bien les cigognes

Christine Muller (édtions de l'Ecir)

On achève bien les cigognesUn roman de terroir pour découvrir ou enrichir ses connaissances sur les enjeux du monde de l'édition au sens large : journalistes, éditeurs, libraires, auteurs mais aussi commerciaux, stagiaires... Seuls les imprimeurs manquent à l'appel. Tout ce petit monde vit et gravite autour de la plus ancienne librairie de Strasbourg, vous savez, celle près d'un grand journal alsacien et d'une maison d'édition qui porte le même nom que sa rue...
Avec ce roman à clef, l'auteur nous conduit dans les coulisses de cette librairie, récemment infestée de millions de cafards. Le microcosme de la plume n'en reviens pas et s'agite pour en comprendre la raison. Pendant ce temps des écrivains médiocres disparaissent... Mais que fait le commissaire ?

Christine Muller, journaliste pour différents journaux alsaciens et romancière, connait bien le sujet. Dans ce polar satyrique elle éclaire le lecteur sur l'envers du décors, sans parti pris ni complaisance envers les protagonistes.

samedi 11 août 2007

Le journal de Yaël Koppman

Marianne Rubinstein (Sabine Wespieser)

Le journal de Yaël KoppmanMon premier roman de la rentrée littéraire à venir et mon premier "Chick-Lit", la "littérature de poulette". Féminin, trentenaire, un soupçon bohème... J'aime !
Le journal de Yaël commence sur une fanfaronnade. Yaël, maître de conférence en économie, relève le défi de Clara, sa cousine qui travaille dans l'édition. Clara lui propose d'écrire un roman à la place de ses traditionnelles publications universitaires. Pour allier l'utile à l'agréable, Yaël choisit alors de relater l'histoire d'Angelica Garnett, filleule de l'économiste John Maynard Keynes et nièce de Virginia Woolf.

L'histoire d'Angelica est douloureuse. Elle découvre à 17 ans que son père (Clive Bell) n'était pas celui qu'elle croyait. Son père biologique n'est autre que Duncan Grant, l'ancien amant de l'économiste ! Cette découverte est d'autant plus bouleversante qu'à Bloomsbury (nom de la maison d'édition de Virginia Woolf et aujoud'hui des aventures d'Harry Potter) elle vit en communauté avec sa famille, leurs amis et amants tous informés de la vérité. La vie en communauté au tout début du XXème siècle bien avant les mouvements contestataires des années 1960-70.

Inconsciemment (du moins au début), Yaël se reconnait en la personne d'Angelica. Elle non plus n'a quasiment pas connu son père. Le journal de Yaël et la biographie d'Angelica s'entremêlent, les anecdotes, parfois croustillantes, de l'une répondant aux vicissitudes de l'autre. La vie des deux jeunes femmes résonnent ainsi dans l'intimité de la réflexion pour s'apparenter à une autoanalyse salutaire de la narratrice.
A se demander au final si l'ouvrage n'est pas lui aussi une autobiographie ou plus précisément une autofiction.

jeudi 9 août 2007

Itinéraire d'enfance

Duong Thu Huong, traduction de Phuong Dang Tran (Sabine Wespieser)

Itinéraire d'enfanceMagnifique roman initiatique qui dresse le portrait de l'auteur dans le Viêtnam des années cinquante.

Bê est une jeune fille espiègle, douée et révoltée. Elle adore la vie et ne supporte pas les injustices. C'est ce qui lui vaudra d'être exclue de l'école qui pourtant la passionne. A partir de ce moment là, elle quittera son village et les siens pour retrouver son père en poste à la garnison de Khâu Phai. Elle quittera avec regret le confort et sa mère pour sillonner le pays. Elle fera ainsi, au fil des mois et des rencontres, le douloureux (et victorieux) apprentissage de la liberté.

Avec passion et simplicité, Duong Thu Huong décrit la vie de cette graine de rebelle. Dès les premières ligne le lecteur est transporté avec douceur et recueillement dans les couleurs Viêtnamiennes, bien loin des clichés de "l'enfer vert" rapporté par les occupants occidentaux.
En quelques mots, les secrets, les effluves et les sonorités du bourg de Rêu où vit Bê exhalent leurs subtilités. La découverte du Nord-Viêtnam, de ses gens, de ses paysages et de ses mosaïques de culture sont amenées tout aussi délicatement par le truchement des rencontres, heureuses et malheureuses, sur le chemin.
La tristesse de Bê, la pauvreté des gens et le temps qui passe ne parviennent pas à alourdir l'atmosphère. Les rencontres, les découvertes de l'adolescente enrichissent l'existence et l'espoir porté dans le lendemain.

La librairie a fermé en février 2008.

Son blog n'est plus actif. Nous contacter.

 

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