Le blog de la librairie Caractères

mercredi 13 décembre 2006

La joueuse d'échecs

Bertina Henrichs (Ed. Liana Levi, Piccolo) - Août 2006 - 212 pages

La joueuse d'échecsDans un style fluide et qui vous emporte, Bertina Henrichs dans son premier roman, avec finesse, sensibilité et humour, fait le portrait d'Eleni, une femme de chambre dévouée à son travail et à sa famille, rêvant de Paris ("Une zone un peu douloureuse dans la poitrine, engendrée par un rendez-vous qu'on aurait eu jadis et auquel on ne se serait pas rendu, jugeant l'idée trop hasardeuse.") comme on rêve d'une vie meilleure.

Chambre 17 de l'hôtel où elle travaille, logent un Français et une Française raffinée au parfum subtil et visiblement joueuse d'échecs. D'abord bel objet aux yeux de la femme de chambre, l'échiquier trônant dans cette pièce retient sa curiosité.
Pour l'anniversaire de son mari, Panis, Eleni décide alors de lui offrir un jeu d'échecs. Dans l'île Naxos où ils vivent c'est le tric-trac qui est roi.

Aucune femme ne joue aux échecs et parvenir à dénicher ce cadeau sans que son mari ne l'apprenne par les commérages constitue déjà une gageure. L'homme, garagiste taciturne (personnage à la Pagnol), ne manifeste qu'un intérêt poli à la réception de ce cadeau.
Abandonné et oublié par lui, l'échiquier va peu à peu entrer dans la vie d'Eleni qui se découvre une passion dévorante pour ce jeu, allant jusqu'à renouer contact avec un vieux professeur de son enfance, à la forte personnalité, pour trouver en lui son premier maître dans l'apprentissage des combinaisons multiples et complexes d'un jeu réclamant concentration et persévérance, qui deviendra le tremplin de son émancipation personnelle.

La foi du maître en son élève et la ténacité d'Eleni la conduiront bien plus loin qu'elle ne l'aurait imaginé...


Pour en savoir plus : interview de l'auteure (née à Francfort mais vivant en France depuis plus de 20 ans, scénariste de documentaires et de fictions) ici : http://www.sitartmag.com/bertinahenrichs.htm. Article paru sur le blog "Entre Vous et Moi."

mardi 5 décembre 2006

Deux livres sur la santé et les ondes électromagnétiques

En complément de mon précédent billet sur le phénomène du téléphone portable, je vous livre ici deux ouvrages sur les éventuelles conséquences sanitaires de la téléphonie mobile.

Votre GSM, votre santé : On vous ment ! Ces ondes qui tuent, ces ondes qui soignent

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Les autres

Alice FERNEY (Actes Sud)

Les autres, d'Alice Ferney
Comment raconter ce qui se passe dans la tête des gens, comment expliquer l'incroyable décalage qui existe entre l'image que l'on donne de soi et la manière dont elle est perçue par autrui ? C'est le défi que relève avec brio Alice Ferney, sous le prétexte de relater une banale réunion de famille...

Théo fête ses vingt printemps dans la maison familiale où sa mère a organisé une petite soirée en son honneur. L'affaire se corse lorsque son frère aîné Niels lui offre un jeu de société dont le but est de dévoiler le caractère profond de chacun des protagonistes. Le jeu va progressivement forcer les personnes à se dévoiler et surtout à proférer les vérités les plus désagréables sur chacun.

L'Enfer, c'est les autres, disait Sartre... Alice Ferney use de toute sa finesse pour nous faire sentir l'impalpable, l'indicible dans les relations humaines. Cela s'aparente à de l'orfèvrerie, un véritable travail de haute-voltige. Un excellent livre à ne surtout pas rater !
Extrait sur le site d'Actes Sud.

vendredi 1 décembre 2006

Plus jamais seul. Le phénomène du portable

Miguel Benasayag & Angélique del Rey (Bayard)

Cet essai surprenant d'une centaine de pages se propose d'étudier les retombées psychologiques et anthropologiques de la généralisation du téléphone portable dans notre société. Il ne s'agit pas d'un ouvrage sur les conséquences sanitaires (probables) engendrées par cette technologie.

Voilà une dizaine d'années que le phénomène est apparu et comme dans toute grande victoire technique, on ne tarit pas d'éloges et de descriptions minutieuses et interminables pour dire tout ce que l'on a gagné avec cet outil. En oubliant de s'inquiéter de ce que l'on a perdu.
C'est précisément le but de ce petit livre que d'analyser nos changements cognitifs et comportementaux... Et ils sont nombreux :

Plus jamais seul
  • Un sentiment de maîtrise de l'espace.
    Le GSM permet de communiquer tout en se déplaçant, il permet aussi de joindre et de rester joignable où que vous soyez.
    Nous sommes partout et nulle part : la sempiternelle question "T'es où ?" manifeste la nécessité de se représenter géographiquement son interlocuteur, de le matérialiser puisque devenu virtuel.

  • L'illusion de la maîtrise du temps.
    Le portable nous permet en effet d'annuler tout rendez-vous, à tout moment. Il permet également de ne pas rater "l'occasion", de relater en direct un événement, de le photographier, le filmer... Il nous place en dehors, au-dessus de l'événement.

Au delà de cette illusion spatio-temporelle, nos relations avec autrui s'en trouvent affectées.

  • Le téléphone portable est un doudou !
    En effet, comme tout objet transitionnel, il est investi de pouvoirs magiques. Ceci en vertu de ses capacités de virtualisation du réél ; l'affranchisssement du temps et de l'espace.
    Le portable nous polarise sur notre conversation faisant s'estomper ainsi notre environnement réel (c'est bien pour cela qu'il est interdit de téléphoner au volant). Un doudou pour régresser, car contrairement aux autres objets transitionnels il ne permet pas d'expérimenter des rapports concrêts avec la réalité comme le ferait un enfant avec sa peluche.

  • On m'appelle, donc j'existe.
    Aujourd'hui, être sollicité par les autres est quelque chose de hautement positif dans notre société. Une valorisation parce que nous existons dans la tête d'autres personnes. Une valorisation concrétisée par l'appel téléphonique. Plus on m'appelle (et plus on voit que je suis appelé), plus je dois être quelqu'un d'important.

  • Un instrument disciplinaire.
    Sans céder à la paranoïa "Big brother is watching you", le portable pourrait aussi être comparé au bracelet électronique pénal. Vous êtes joignable en toute circonstance et le fait de ne pas répondre à un appel est déjà une forme de réponse : je ne veux pas être dérangé.
    Dans l'entreprise, dans le rapport entre amis et même le dans la vie de couple le portable peut permettre un contrôle et aussi devenir une source de reproches permanents.

J'arrête ici la liste des bouleversements sociologiques étudiés et n'aborderai donc pas la réflexion développée sur les mini-messages (SMS en anglais).

La vidéo et le phénomène (l'épiphénomène ?) du "Happy-Slapping" (vidéobaffe en français) ne sont pas étudiés. L'essai est pourtant récent (juin 2006). C'est dommage mais cela n'ôte rien à l'intérêt des réflexions sur cet objet possédé par 80% de la population française (109% en Italie !).

Pour ma part, je n'ai plus de téléphone portable. Ce livre ne fait que renforcer ma position.
Aujourd'hui trop de doutes subsistent sur les effets sur la santé à long terme.
Présentation de Plus jamais seul sur le site de l'éditeur.

La librairie a fermé en février 2008.

Son blog n'est plus actif. Nous contacter.

 

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