Le blog de la librairie Caractères

samedi 20 octobre 2007

Dans l'enfer de Guantanamo

Murat Kurnaz et Helmut Kuhn (Fayard)

Dans l'enfer de GuantanamoNous avons tous entendu des informations1,2 décrivant les conditions de détentions réservées aux « terroristes » enfermés dans des camps sous contrôle américains un peu partout dans le monde, y compris en Europe.
Certains d’entre nous se rappellent peut être l’histoire du citoyen allemand Khalid El-Masri enlevé « par erreur » en Macédoine par la CIA3 et qui a miraculeusement survécu aux traitements qui lui ont été infligés.
Nous nous rappelons tous des photos d’horreur d’Abou Ghraib.
Nous sommes quelques uns à avoir vu le film « The road to Guantanamo » retraçant le calvaire de jeunes Britanniques accusés de terrorisme puis relâchés pour ceux qui survécurent.

Je croyais savoir, je ne voyais que la surface… la médiatisation de faits isolés, apparemment accidentels. Il en va tout autrement. En cela le livre de Murat Kurnaz coécrit avec le journaliste Helmut Kuhn renvoie à l’effroyable. La barbarie serait en passe de devenir la norme pour des milliers d’hommes se réclamant des valeurs de la démocratie et de la liberté. Les américains ne sont d’ailleurs pas les seuls à être mis en cause dans ce récit.

Comment un homme peut-il survivre 1600 jours à de tels traitements sans être détruit?
J’ai lu ce livre qui m’a renvoyé aux témoignages des camps de la mort nazis, des centres de rétention russes en Tchétchénie, des pratiques des Tchetniks en ex-Yougoslavie………….
Murat Kurnaz est « innocent » de ce pour quoi il était accusé, des centaines de détenus actuels le sont uniquement parce qu’ils ont été « vendus » comme terroristes aux américains pour quelques milliers de dollars par des policiers de pays dans lesquels de telles sommes représentent des fortunes.

Mais quand bien même des Talibans ont été capturés à l’issue de combats en Afghanistan, rien ne justifie de tels traitements. Les conventions de Genève sont toutes bafouées et le témoignage de Murat Kurnaz sur l’attitude de la croix rouge internationale « gardien du droit international humanitaire » et des conventions de Genève est accablant dans son cas.
J’ai l’intuition que ce livre provoque outre Rhin un « séisme » comparable en son temps à la sortie du livre de Günter Wallraff « tête de turc ». S’il est vrai que Murat Kurnaz a été libéré grâce à l’intervention de la chancelière Angela Merkel, il aurait pu l’être 3 ans plus tôt sans l’obstination de l’actuel ministre des affaires étrangères Steinmeier qui œuvrait à l’époque sous le gouvernement Schroeder.

Aujourd’hui Murat Kurnatz relève la tête et contre attaque, après une campagne de diffamation orchestrée en début d’année par le SPD (Parti du pouvoir de l’époque, équivalent allemand du PS français) le présentant comme « le taliban de Brême ».

Lisez ce livre, vous y puiserez de la force mais souhaitons-nous de n’être jamais camarades de vol du Boeing de la CIA immatriculé N313P qui a beaucoup circulé en Europe.

[1] Selon un article du Monde daté du 14 février 2006, l’ONU qui y avait dépêché 5 experts a dénoncé l’usage de la torture à Guantanamo.
[2] Extrait du rapport Marty du 11 juin 2007 (assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe) « La Commission des questions juridiques et des droits de l’homme considère désormais comme établie dans les faits l’existence, pendant plusieurs années, de centres de détention secrets tenus par la CIA en Pologne et en Roumanie ; la commission n’exclut pas pour autant que des détentions secrètes par la CIA aient également existé dans d’autres Etats membres du Conseil de l’Europe….. »
[3] M. El-Masri a passé cinq mois dans des prisons secrètes à Skopje et à Kaboul avant d’être libéré, les yeux bandés, dans une forêt d’Albanie, une fois établi qu’il avait été enlevé par erreur.


Liens internet :

samedi 28 juillet 2007

Un Homme à abattre, contre-enquête sur la mort de Robert Boulin

Benoît Collombat (Fayard)

Un Homme à abattre, contre-enquête sur la mort de Robert BoulinIl est de ces lectures qui m’estomaquent, même lorsque je crois être un citoyen bien informé.

Cette contre-enquête menée durant 5 ans par Benoît Collombat explore avec méthode tous les éléments qui accréditaient la thèse du suicide de Robert Boulin le 30 Octobre 1979.
Robert Boulin était alors ministre du travail du gouvernement de Raymond Barre et la lutte faisait rage entre les futurs présidentiables de 1981.
Résistant miraculé, Gaulliste de la première heure, cet homme était respecté par ses pairs et son courage et son honnêteté n’ont jamais été démentis.
Ce livre nous plonge dans les arcanes du pouvoir et met en lumière les basses manœuvres de personnalités encore très contemporaines. Je ne peux m’empêcher d’en extraire deux phrases de Fabienne Boulin expliquant les pressions subies par sa famille suite au décès de son père « Un peu comme si on vivait sous un régime communiste ! » ; « pendant dix ans, on a vécu la trouille au ventre » (pages 340 et 341). Tout ça pour un dossier cartonné rouge que les protagonistes d’alors recherchent toujours ?

Et que dire du dossier que le journaliste Philippe Alexandre a déposé aux archives nationales pour une ouverture en 2020… S’il y est encore ?
Cette affaire rejoint l’actualité judiciaire et vous en entendrez parler encore longtemps au fil des soulagements de conscience et des rebondissements.
Quelques recherches par mots clefs sur la toile vous en convaincront.

J’ai trouvé cet ouvrage rigoureux, surprenant, courageux et très fouillé. Je l’ai lu comme certains romans policiers de « James Ellroy », mais c’est de la mémoire d’un Homme, du respect de sa famille et de notre République dont il s’agit.

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