dimanche 30 octobre 2005
Vie et passion d'un gastronome chinois
Que mille saveurs s’épanouissent.
Voici un roman qui se savoure comme un bon plat. Bol de nouilles, cœur de légumes aux miettes de crabe, jarret de porc confit au sucre glacé et ambré, rouleaux de poisson aux œufs de crevettes ou encore oie braisée au marc de vin.
La vie de Zhu Ziye est un grand banquet où les mets raffinés se succèdent tout au long de la journée dans le restaurant le plus huppé de la ville. La vie de Gao n’est que privation et humiliations. Il hait Zhu Ziye et les repas sans fin. Il déteste ces noceurs qui vivent sur le dos des petites gens. Pour se venger il s’engage dans les forces communistes qui contrôleront bientôt la ville. Comble d’ironie Gao est nommé responsable du restaurant. Sa volonté d’offrir des repas aux plus pauvres finira par ruiner l’établissement.
Les évènements se succèdent et nos deux héros traversent tant bien que mal la révolution culturelle et les années noires. Dès les premiers signes d’ouverture Zhu Zyie retrouve l’appétit et organise un grand banquet. Mais si lui a retrouvé sa joie de vivre en réunissant autour de lui ses amis pour des repas mémorables, Gao en moraliste épris de justice révolutionnaire méprise toujours ces « gastronomes oisifs ». Vieux et aigri il va jusqu’à se venger sur un petit enfant.
Ce roman traverse une bonne partie de l’histoire du XX siècle chinois avec ses grands bouleversements. Tour à tour les deux héros tiennent le haut du pavé et nous séduisent ou nous répugnent. Mais la véritable héroïne c’est la gastronomie chinoise avec ses plats innombrables, ses saveurs multiples et ses combinaisons raffinées. Les hommes sont ballottés par l’histoire mais les traditions survivent à ces turbulences.
Allez, foin de nos bavardages, passez le plat suivant : un velouté d’euryales à la fécule de lotus.
Ce billet, écrit à 18:18 par Jean-Marc dans la catégorie Sélection a suscité :