Le blog de la librairie Caractères

lundi 26 mai 2008

L'empire de la honte

Jean Ziegler (Le Livre de Poche)

Voilà plusieurs semaines que l'ancienne libraire de Hoenheim me tanne pour rédiger un article sur un des derniers ouvrages que j'ai lu. Il m'a été difficile jusqu'à présent de prendre le temps et surtout d'avoir envie de vous communiquer mes découvertes.

L'empire de la honteL'empire de la honte de Jean Ziegler a facilité ce retour au désir de partager. La souffrance et les morts engendrés par notre monde m'y ont aidé. Impossible de rester indifférent.

L'auteur, rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies, s'attache à démontrer que la misère, la pauvreté et la faim ne sont pas inévitables comme on l'entend souvent dire.
Tout enfant qui meurt de faim dans le monde d'aujourd'hui a été assassiné.
Pourquoi de tels propos ?

Selon la FAO la terre pourrait nourrir normalement 12 milliards d'êtres humains soit deux fois plus de terriens qu'aujourd'hui. Et nourrir normalement selon la FAO signifie procurer à chaque individu adulte, chaque jour, 2 700 calories. Nous voilà bien loin de la pénurie présentée dans les média ces dernières semaines. Les OGM et leur firme emblématique (mais si, celle qui a aussi créé ce fameux désherbant... l'agent orange) n'ont qu'à bien se tenir.
Bizzare d'ailleurs ces téléscopages d'actualités... Les députés français se sont exprimés sur la loi OGM à quelques jours d'intervalle de ces (publi-?)reportages.

Pour Jean Ziegler, la famine est organisée pour maintenir la dette des pays du Sud afin de poursuivre l'enrichissement des multinationales :
"la famine étant utilisée comme une arme permettant de mettre à genou des peuples entiers, d'exercer des pression d'ordre politique, d'imposer une mise à sac des ressources locales et des matières premières".

Un exemple ?
Depuis 2000, apprend-t-on, le prix du café à l'exportation s'est effondré de 3 dollars le kilo à 86 cents, c'est à dire qu'il a été divisé par un facteur 3,5. Pour autant, le prix du petit noir au comptoir ou dans votre cafetière a-t-il diminué ? Qui se sucre au passage ? What else, hum ?

L'auteur évoque les ferments qui ont menés les français à la révolution en 1789, le prix du pain et la famine entre autres. Le rôle des puissants de l'époque et celui des cosmocrates d'aujourd'hui comme les appelle le rapporteur suisse. Nous assistons à une reféodalisation du monde, mené par les féodalités capitalistes depuis l'effondrement du bloc soviétique.
Aussi longtemps qu'a duré la bipolarité de la société planétaire, il fallait à tout prix éviter que les millions de familles de cultivateurs ne succombent à la tentation du vote ou de l'adhésion communiste.
Un livre dur, qui met mal à l'aise et qui révèle les mécanismes mis en oeuvre pour maintenir les pays pauvres dans leur état de dépendance et qui conduit les 3/4 des habitants de la planète à souffrir de sous-nutrition, de mal-nutrition, de soif et d'absence de soins.... avec notre entière complicité (mise en place de cultures industrielles à la place des cultures vivrières pour satisfaire les besoins en produits exotiques des occidentaux).

dimanche 25 mai 2008

Les orgues de glace

Pierre Skira (Viviane Hamy)

Les orgues de glacePrésentation : "Zsuzsa s'éloigne de nous. Agenouillée, immobile, prostrée, un léger tremblement la parcourt. Les jambes sous l'eau, les mains rendues translucides par le froid, elle agit comme si nous n'existions pas, sans une parole, aussi fermée que la roche. Elle escalade le rocher, trébuche, se redresse, mi-animal mi-végétal, elle atteint son carré magique. Heureuse de parcourir ce territoire inhabité où il n'y a personne pour lui poser des questions, personne pour lui faire face. Elle sait gré à cette montagne de cristal d'avoir gelé le temps."
Trois adolescents confrontés à la folie du monde, qui empruntent leur respiration au souffle du glacier, à l'immuabilité de la forêt... Deux garçons fascinés par leur compagne de jeux : Zsuzsa venue de nulle part, qui parle une langue hachée, saturée de mots inconnus, dont l'amnésie est le territoire...

Né en 1938 à Paris, Pierre Skira est peintre. Il use des mots comme de ses pastels. Ses couleurs mêlées aux clairs-obscurs rendent étonnamment présents ces trois gamins "déplacés". Il semble nous transmettre la clé d'un secret enfoui, qui mit des années à venir au jour."

Mon appréciation : dès la première page, l'écriture superbe vous comblera.
Dans des paysages où le cristal du gel et les mires naturelles splendides et scintillantes détiennent une force suprême sur toute tentative d'assaut.
Au dessous de la glace, se tapissent autant les os rendus par le dégel recueillis par le narrateur, son ami Andrew et la mystérieuse et déroutante Zsuzsa, que les souvenirs d'enfance que vient raviver Emile à travers ses révélations à la fois sombres et émouvantes.
Il y a dans ce roman comme d'un côté la virginité blanche des paysages, de l'autre la noirceur ignoble d'une terrible conspuation, au mileu de laquelle l'amnésie est survie.

Voir aussi la présentation de l'éditeur.

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