Le blog de la librairie Caractères

jeudi 21 août 2008

La rentrée littéraire 2008 : c'est parti !

676 romans sont annoncées pour ce nouveau cru. Le Figaro a tiré le premier en proposant 30 romans à ne pas manquer, trois inconnus (tient cela me rappelle quelque chose) et les polémiques à venir avec des ouvrages d'auteurs comme Christine Angot ou Catherine Millet.
Faîtes-vos choix... ou prenez le parti de vous laisser surprendre, osez les inconnus (mais pas seulement les trois proposés par les médias) !

Vous ne passerez de toutes façons pas à côté du "top ten" dans les prochains mois. Il en sera certainement question dans la nouvelle émission littéraire (à 20h30 s'il vous plait !) de l'excellent François Busnel sur France 5. Nul doute que l'émission saura trouver son public avec cet excellent ancien animateur des Livres de la 8. Bernard Pivot a trouvé son successeur.

mardi 19 août 2008

L'usage du monde

Nicolas Bouvier (Petite Bibliothèque Payot)

L'usage du mondeC'est un roman que j'avais mis de côté depuis quelques mois tout en sachant pourtant que sa lecture allait me procurer beaucoup de plaisir. Je ne me suis pas trompé.
L'ouvrage commence par une vibrante citation de Shakespeare : I shall be gone and live or stay and die.
En 1953, Nicolas Bouvier et son ami Thierry Vernet décident de partir, sans un sous, pour l'Inde. Il partent en voiture, en Fiat Topolino (!) monnayant en chemin, de-ci, de-là, des cours de français, des dessins, des toiles, des conférences ou des articles pour les journaux. Thierry est dessinateur et Nicolas journaliste.
Parfois aussi nos amis s'improvisent mécaniciens. De Genève au Sud de Ceylan il y a quand même une petite poignée de kilomètres et quelques collines qui sollicitent beaucoup les mécaniques... et les esprits. Un an et demi sur la route tout de même.

Nos deux protagonistes traversent ainsi bien des pays, des peuples et des cultures qui occasionnent nombre de rencontres. On chemine avec les auteurs en passant par l'ex-Yougoslavie, la Grèce, la Turquie, l'Iran, l'Afghanistan... mais ce sont plus les peuples que les pays qui retiennent l'attention. Des populations souvent engoncées et juxtaposées dans des limites administratives telles des tesselles d'une mosaïque saute-frontière ; Azeris, Baloutches, Kurdes, bergers Kachkaïs pour ne citer qu'eux. Leur reconnaissance, leur assimilation ou leur mise au pas n'a pas tellement changé depuis.

Pour comprendre la géographie il faut lui adjoindre l'histoire et l'auteur ne se prive pas de donner quelques leçons :
[...] nous [les occidentaux] ne sommes guère plus objectifs [...] cette manie encore si répandue de vouloir que les Gréco-Romains aient inventé le monde ; ce mépris - dans l'enseignement secondaire - des choses de l'Orient [...] Les Gréco-Romains eux même - voir Hérodote, ou la Cyropédie - n'étaient pas si chauvins et respectaient fort cet Iran auquel il devait tant de choses : l'astrologie, le cheval, la poste, quantité de dieux, plusieurs belles manières et sans doute aussi le carpe diem dans lequel les iraniens sont passés maîtres.
Les embuscades, les pannes, les souffrances liées au froid (l'hiver 1953-54) n'entament pas la détermination des deux amis. Ils trouvent du réconfort en partageant leur musique, en buvant thé dans les chāykhāneh ou en s'émerveillant parfois avec un rien.

Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt, c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait [...] Le voyage fournit des occasions de s'ébrouer mais pas - comme on le croyait - la liberté. Il fait plutôt éprouver une sorte de réduction ; privé de son cadre habituel, dépouillé de ses habitudes comme d'un volumineux emballage, le voyageur se trouve ramené à de plus humbles proportions. Plus ouvert aussi à la curiosité, à l'intuition, au coup de foudre.
J'ai toujours eu un faible pour partir... et pour revenir. Les voyages, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, nous en apprennent plus sur nous-même lorsque nous perdons nos repères quotidiens. Il faut dès lors puiser en soi pour s'adapter aux nouvelles règles de vie imposées par le nouvel environnement comme un retour au Soi, aux origines, débarrassé de ses bagages culturels.
Pour Paul Morand le voyage est désocialisant, il permet de se soustraire à des normes collectives de mobilité. Il intègre la logique des possibles narratifs : chacun vit son histoire et échappe au conformisme social même si cela en invente un autre !

L'ouvrage de Nicolas Bouvier est donc une magnifique mise en exergue du voyage et de sa dimension initiatique.
C'est pourquoi j'ai souhaité matérialiser les étapes des protagonistes sur une carte interactive à venir dans les tous prochains jours enfin disponible...

La librairie a fermé en février 2008.

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